Juillet 2022 – Suède

La Lainio älven, la Laponie par les eaux (bis)

Texte : Aurélien Rateau

Photo : Aurélien Rateau, Jean-Marc Dziedzicki.

Catégories de portfolio : Rivières de Laponie.

Expédition canoë sur la Lainio Alven

Il y a fort longtemps que nous voulions retourner en Laponie suédoise. Notre dernière incursion datait de 2010 ! Non pas que nous ayons déserté la Laponie depuis. C’est même le contraire. Mais, la Norvège et la Finlande avaient eu nos faveurs.

Cet été 2022, l’occasion se présentait. Jean-Marc et moi jetions notre dévolu sur la Lainio älven, un affluent de la Törne älven déjà parcourue en 2010. Avec les autres affluents de cette dernière, la Lainio älven forme le dernier système de fluvial libre en Europe (hors Russie).

 

La seule question qui vaille quand nous arrivons en Laponie « est-ce qu’il y a des moustiques cette année ? » reçut une réponse concise mais claire : « c’est une année assez extrême ». La météo annoncée était exécrable (elle le fut en bonne partie). Le niveau d’eau était haut pour la saison. Pour couronner le tout, nous n’avions dégotté sur place qu’un canoë de 16 pieds de long, un peu court pour nos deux gabarits et le chargement conséquent d’une expédition en autonomie, en milieu isolé, par temps froid et à seulement un bateau… La chose requerrait pas mal de finesse. Il allait falloir prendre nos marques.

 

Mais de finesse, il ne fut pas question. L’un de ces premiers longs rapides qui font la joie des pagayeurs en Laponie nous envoya par le fond. Il faut dire que le principe d’Archimède étant ce qu’il est, la ligne de flottaison théorique du bateau était dans notre cas largement subaquatique. Les premières vaguelettes eurent tôt fait de passer le plat bord, de remplir partiellement le bateau et de le rendre moins prompt à éviter les suivantes qui le remplirent complètement… La suite est d’une effroyable banalité. Sentir le navire littéralement couler, se saisir de la corde d’atrappe (que nous avions prévue à la mesure de la rivière : 60 mètres) et nager vers le bord.

 

Un bain rafraichissant qui nous donna quelques idées. Comme celle de passer les rapides des 100 prochains kilomètres en bac arrière. Cette manœuvre consiste à pagayer en marche arrière dans les rapides avec un léger angle pour déplacer le bateau latéralement et éviter vagues et rochers. Cette technique permet d’éviter les obstacles mêmes très serrés en stoppant complètement la descente du bateau. Elle permet aussi de regagner facilement le bord pour appeler sa maman en toute sécurité quand on a trop peur. Évidemment, elle est aussi facile à faire qu’à dire. Mais les stages de Destination rivières pourraient quand même vous aider à vous familiariser avec.

 

Nous fumes secs le reste de la descente quoique la pluie se mêla de l’histoire. La pêche nous permit de voir les jolis poissons de la région, ombre arctique, truite fario, perche commune et brochet. Une (sur)prise : l’ide, un poisson de la famille de la carpe introduit dans ces eaux. Fort heureusement, nous ne prîmes pas un des individus rouges que compte cette espèce et qui sont communément vendus dans les jardineries pour peupler les marres boueuses. Notre amour propre ne l’aurait pas supporté.

 

Sinon, cette rivière n’est pas dans un parc national et pas tellement fréquentée bien qu’intéressante pour le canoë. On n’y trouve pas les cabanes gentiment remplies de bois par les rangers. Il faut collecter son bois si possible sec soi-même. Prévoir donc des outils adaptés et pas seulement un couteau à fileter le poisson… Alternative, faire son frichti au gaz et aller se coucher. Avec 12 heures de marche dans les marécages, de canoë et de pêche dans les pattes, à 10/12 °c, sous la pluie et les moustiques, ça n’est pas la pire des options.

 

Finalement, nous avons bien atteint la ville de Lainio et son joli bac, fin de notre périple.

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Les photos du périple :

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